Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Lectures et élucubrations de Liliba
1 avril 2010

Les pintades à Téhéran - Delphine MINOUI

 

aaaa

Non, à Téhéran les femmes ne sont pas toutes voilées de noir de la tête aux pieds. Oui, elles ont le droit de vote et peuvent même être élues. Non, elles ne sont pas cloîtrées à la maison, et 60 % des étudiants sont des étudiantes. C'est sûr, la vie des pintades téhéranaises est pleine de contraintes et d'interdits. Au regard de la loi, elles ne valent que la moitié d'un homme. Leur quotidien est un pied de nez permanent à la censure, une lutte de tous les instants contre une république islamique qui ne leur fait pas de cadeaux. Découvrez une basse-cour voilée, mais pas prude ! Plongez sous les voiles et derrière les portes, dans l'intimité de femmes ultra féminines, bourrées de contradictions, et pénétrez dans leur univers, à travers des chroniques, des anecdotes, leurs bons plans et leurs meilleures adresses remises à jour. Rien de péjoratif dans ce sobriquet de pintade, bien au contraire ! Plutôt un pied de nez aux doux noms d'oiseaux dont les femmes sont parfois affublées. Être une pintade, c'est être une femme d'aujourd'hui, légère et sérieuse, féminine et féministe.

Après Paris et New-York, les Pintades nous emmènent à Téhéran. Nous retrouvons "la basse-cour", ces femmes de tous âges, toujours aussi bavardes, qui se racontent avec franchise, parfois sans pudeur, malgré le voile qui cache les visages et les corps. C'est amusant, plein d'anecdotes, de portraits sympathiques, nous découvrons des femmes drôles, des femmes courageuses, émancipées malgré les lois strictes et parfois même heureuses.

Mais si ces petites tranches de vie font sourire, j'ai tout de même ressenti un malaise tout au long de ma lecture. Entre guide de shopping et chronique de la vie des femmes dans cette ville tentaculaire, ce livre à mon avis ne sait pas très bien trouver sa voie. Certes, il y a des pintades partout dans le monde, mais je trouve qu'il est un peu exagéré de comparer l'émancipation et la légèreté d'une américaine ou d'une parisienne à celle d'une femme iranienne, qui vit depuis sa naissance sous le joug d'intégristes sexistes, qui subit une loi inique et stupide et doit la respecter sous peine d'être battue, lapidée ou tout simplement tuée.

Les iraniennes, j'en suis heureuse pour elles, ressentent malgré tout l'envie de vivre, de rire et d'aimer comme toutes les femmes, mais c'est pour elles un combat de chaque instant alors que c'est pour nous une évidence... Nos droits et nos devoirs ne sont absolument pas comparables, et ce qui est jeu frivole pour nous peut mener à la prison chez elles... d'où mon malaise. Rires avec ces femmes, oui, voir qu'elles arrivent à vivre malgré la politique de leur pays, qu'elles réussissent à s'amuser et à gagner quelques semblants de liberté, c'est bien, mais... Tant que le voile sera obligatoire, tant qu'elles n'auront pas les mêmes droits que les hommes, tant qu'on les considérera comme inférieures, tant qu'on pourra les emprisonner ou les tuer pour des fautes qui n'en sont pas, rire de futilités, même si on rit avec elles me met mal à l'aise.

Il faut souligner également le fait que ce livre ne parle que des femmes d'une certaine catégorie de la population de Téhéran : aisées, cultivées, et donc déjà ouvertes au monde extérieur et aux plaisirs occidentaux (interdits) de par leur culture et leur aisance financière. Il ne concerne en rien les milliers de femmes du peuple.

 

Des extraits sur le site des Pintades.

 

Un grand merci à Keisha pour cette découverte ! Elle a eu la chance d'y aller ! livre_voyageur_anim_

Enna a également lu ce livre, mais n'a pas accroché, Aifelle a été gênée par la légèreté du livre et souligne le fait que les femmes dont il est question ici ne sont que des femmes appartenant à la haute société et ayant des moyens financiers conséquents. Thaïs a trouvé le livre intéressant et c'est pour Sexaoul un livre qui mérite d'être lu.

Publicité
Publicité
Commentaires
L
@ Scarlett, j'aimerais pour ma part y aller, mais pas du tout avec l'état d'esprit de ce livre, c'est sûr !
Répondre
S
Tout au long de la lecture, j'ai également ressenti un certain malaise. D'une part, parce que je suis féministe et féminine et d'autre part, parce que je ne comprends pas qu'on puisse prendre un ton aussi léger quand on parle de questions aussi graves que la condition féminine et les droits de l'homme.En tout cas, pas un instant, je n'ai jamais réussi à m'identifier aux femmes décrites et je n'ai jamais eu envie ne serait-ce qu'une minute que d'y mettre les pieds. Or, le but du livre n'est il pas d'y penser y faire du tourisme ? Cette journaliste n'est pas objective, je dirais même qu'elle mène très finement une forme de propagande.Genre "c'est vrai c'est dur mais bon finalement ce n'est pas si mal" Je n'y crois pas une seconde, cette nana devrait être dénoncée à la cause féministe et politique. Putain, l'Iran, c'est quand même pratiquement une dictature ! Je ne comprends même pas pourquoi j'ai lu le livre jusqu'au bout ... C'est clair grâce à ce livre, je confirme le fait que je n'irais jamais en Iran.
Répondre
L
@ SYlire, c'est vrai que les médias n'accentuent qu'un seul coté de la situation, qui doit être bien plus partagée en réalité. Mais ces pintades sont parfois si frivoles, dans ce genre de pays, cela me semble bizarre...
Répondre
S
J'aurais eu cette gêne que tu décris, si ce livre n'avait pas précisé le contexte très difficile dans lequel vivent ces femmes. Mais l'auteur l'évoque à de nombreuses reprises. Bien-sûr, c'est osé d'écrire "les pintades à Téhéran" mais les médias nous présentent une image des femmes, triste et sans fantaisie, qui est sans doute incomplète.
Répondre
L
@ Merci de ta visite, Nadine ! J'avais moi aussi adoré Persepolis, le film, mais j'ai moins accroché avec la BD.
Répondre
Lectures et élucubrations de Liliba
Publicité
Archives
Publicité