Le roi disait que j’étais diable - Clara DUPONT-MONOD

Aliénor d’Aquitaine a déjà fait couler beaucoup d’encre, mais sous la plume de Clara Dupont-Monod, elle reprend si l’on peut dire figure humaine, redevient une femme accessible, avec des sentiments, des hésitations, des peurs. Comment ne pas avoir peur en effet de quitter son pays natal qu’elle aime tant, pour épouser Louis VII et le suivre dans sa lointaine capitale ? Comment ne pas redouter ce mariage arrangé auquel il faut se soumettre, comment rester elle-même et surtout, continuer à veiller sur son pays tout en assumant la charge de reine ?

La voix d’Aliénor alterne avec celle de Louis, et le ton de chacun ne pourrait être plus différent. La jeune femme est ambitieuse, volontaire et habituée à commander et se faire obéir de ses sujets. Elle chérit également sa liberté, et c’est une femme étonnamment moderne pour son époque. Elle est faite pour le combat et le revendique, que ce soit face à des armées ennemies auxquelles elle ne veut rien céder, qu’en face de cet époux que les contraintes politiques lui ont assigné. Elle est aussi extrêmement orgueilleuse, et n’accepte pas de se soumettre à son époux, qu’elle tente au contraire de manipuler pour qu’il serve au mieux ses ambitions. Pas vraiment sympathique, même si on ne peut qu’admirer sa force de caractère.

Louis de son côté est bien falot, sans personnalité propre, et semble balloté autant par les évènements que par ses conseillers. Il est également très religieux, et torturé entre ses obligations de monarque et ses aspirations de poète et de contemplatif. Osons le dire, il n’a pas la stature d’un monarque et cette charge pèse sur ses épaules et l’écrase. Il s’est épris de la belle au premier regard, accentuant par là le mépris de celle-ci. Il en est conscient, mais tente malgré tout de s’en faire aimer, sans comprendre que sa bonté et sa gentillesse ne font qu’attiser la haine de sa femme à son égard.

C’est donc un dialogue de sourds que cette histoire, sur fond du chant des troubadours, en alternance avec les cris de guerre et le tintamarre des boulets de canon. Une histoire amoureuse sans issue possible, que j’ai trouvée poignante sous la magnifique plume de l’auteur, même s’il faut garder à l’esprit que ce récit reste un roman, et ne colle donc pas avec la réalité de l’époque. Mais le manque de communication au sein du couple est malheureusement d’actualité, quel que soit le siècle ! 

Un grand merci à Price Minister qui m'a envoyé ce roman dans le cadre des matchs de la Rentrée Littéraire !

Comments

[praline]

Je l'ai noté !

[Tiphanie]

Cette lecture me tente bien aussi :)

[sous les galets]

Rho la la, il ne me tente pas du tout du tout je dois dire, depuis que j'ai vu l'auteur à LGL, j'ai trouvé qu'elle surjouait tout, et les extraits que j'ai lus du livre me paraissaient très ampoulés voire un peu prétentieux. En plus j'ai du mal avec les libertés qu'on prend quand on parle de personnages historiques. Alors malgré l'accueil plutôt enthousiastes des blogueurs et ton billet positif, je vais passer mon tour.

[aifelle1]

J'ai l'intention de le lire, je le prendrai tranquillement à la bibliothèque.

[Lili Galipette]

Beau souvenir de lecture pour moi aussi ! :)