Le poison d'amour - Eric-Emmanuel SCHMITT
Elles sont quatre. Jeunes et enthousiastes. Amies pour toujours malgré leurs différences. Elles ont 16 ans, la vie et l’amour à découvrir, et chacune s’épanche dans son journal intime, racontant les journées au lycée, leurs désirs secrets, les petites histoires entre filles et garçons, leurs rêves ou leurs peurs... et bien sûr parlant d’amour, une des principales préoccupations de leur âge.
Julia est l’intello du groupe, parsemant son discours de citations de Shakespeare ! C’est elle aussi qui la première annonce à ses amies qu’elle « l’a fait » ! Un bouleversement que toutes attendent, mais dont elles ont peur, et qui va changer les liens qui les rapprochent. Car Anouchka, Colombe, et Raphaëlle vont réagir de manière différente à cette nouvelle, qui va les toucher profondément.
J’ai beaucoup aimé le sujet de ce court roman, où l’on parle d’amour, mais aussi des interrogations des adolescentes, de ce questionnement normal à leur âge sur le fonctionnement de leur corps, le don de soi, les couples… Elles rêvent d’un amour inconditionnel, mais sont enfants de parents divorcés. Elles veulent séduire, et ont peur de ce pouvoir qui leur est donné. Elles découvrent avec les premiers émois amoureux la jalousie, et ses sœurs : mensonge et trahison… Bref, femmes en devenir, elles sont touchantes et vraies, ingénues et rouées à la fois, fragiles et plus fortes qu’on ne croit : de vrais petits bouts de femmes !
Sauf que. Sauf que, ça ne passe pas du tout ! En effet, si le roman est bien écrit, très fluide et agréable à lire, et si j’ai beaucoup aimé cette présentation découpée en journaux intimes, le fait que l’auteur écrive à la place des jeunes filles ne tient pas la route. Le langage est trop châtié, bien trop chic pour des adolescentes, même si celles-ci font partie de milieux plutôt privilégiés et cultivés. Et du haut de sa cinquantaine, EE Schmitt n’arrive pas du tout à rentrer dans la peau de ces quatre ados ni à les rendre crédibles (pour rappel, j’ai 3 ados à la maison, je sais ce dont je parle !). Il eut suffi sans doute de faire intervenir un narrateur pour que la sauce prenne, alors que parler à leur place n’est pas crédible du tout. Dommage…
Un grand merci à Gilles Paris et aux Editions Albin Michel pour l'envoi de ce roman.