C’est avec grand plaisir que j’ai retrouvé Armand Verrotier dont j’avais fait la connaissance dans Les inconnus du Saint François et que j’ai également suivi dans ses précédentes aventures avec Le naufragé de la Baie de Somme et L’affaire Agathe Vanders.
Armand est envoyé à bord du Cornélius, un navire de marine marchande pour seconder son capitaine, et il ne se doute pas au départ que celui-ci disparaîtra en mer à peine est-il arrivé, et qu’il devra prendre en charge la récupération des conteneurs tombés en mer suite à une tempête, cela sous l’animosité du second, très en colère de ne pas pouvoir prendre la responsabilité de la mission. Quelque temps plus tard, c’est le Cornélius qui disparait à son tour, déserté par tout l’équipage. Que s’est-il donc passé sur ce navire, qui ne semble pas avoir été attaqué par des pirates de la mer ? Avec l’aide de Charlotte, une jeune femme très intrigante, Armand va enquêter pour comprendre cette énigme…
Une fois de plus, Guillaume Lefebvre, marin de métier et écrivain à ses heures perdues, nous emmène pour notre plus grande joie dans l’univers maritime. J’avais un peu regretté dans le tome précédent (les romans se suivent, mais peuvent cependant être lus séparément) qu’on n’y sente pas plus l’air marin, j’ai ici été servie ! La majeure partie de l’aventure se passe au large sur l’immense bateau battu par les flots, les vents, et les descriptions à la fois techniques du navire et très expressives de l’océan nous font voyager de manière très agréable (même s’il ne s’agit pas de bateau de plaisance et que la vie à bord est tout sauf une partie de plaisir).
Le lecteur, tout en suivant l’intrigue, juste tordue comme on les aime et où magouilles et malversations sont à nouveau au rendez-vous, s’instruit et s’évade. Mais reste aussi les pieds sur terre avec les péripéties de la vie privée du marin, compliquée vu son métier…
Les personnages sont brossés de manière très intéressante, avec des caractères bien distincts, et l’auteur s’amuse de plus à nous faire suivre de fausses pistes, puisque les gentils ne le sont pas tous, et que certains « méchants » s’avèrent être au contraire bien plus sympathiques dès qu’on découvre leur histoire.
Bref, c’est à nouveau un très bon moment de lecture que j’ai passé avec cet auteur, avec la vive impression de sentir les embruns balayer mon visage. L’écriture est agréable, sans fioriture et fluide, le rythme est soutenu avec quelques pointes de poésie sur les paysages ou l’environnement, et le fond est passionnant, touchant un monde ignoré de ceux qui n’en font pas partie. Et la mer est là, vibrante, vivante, attirante et dangereuse… un personnage à part entière du récit.
Une interview de l'auteur ici, que je remercie de tout coeur pour m'avoir fait parvenir son roman, ainsi que les Editions Ravet-Anceau.