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Lectures et élucubrations de Liliba
24 mars 2011

Si tu savais... - Richard PLOURDE

 

                   Si_tu_savais_Richard_Plourde_Les_lectures_de_Liliba                                         

"Si vous saviez qu'un jour vous mettriez au monde un enfant, qu'il deviendrait gravement malade, qu'il souffrirait le martyre et risquerait mourir. Si vous aviez le pouvoir de changer cette destinée... le feriez-vous ?"

C'est ainsi que l'auteur m'a présenté son livre. Et, étant moi-même une maman, cela m'a tout de suite donné envie de le lire, car bien évidemment, je pense que tout parent serait prêt à donner sa vie pour sauver son enfant de la souffrance et de la mort... Je n'avais cependant, comme souvent, pas lu attentivement et pas du tout fait attention à la phrase suivante :"Un roman qui raconte l'histoire de Bill, un jeune étudiant, qui, en route pour l'université, est bien malgré lui projeté dans son futur. Il deviendra alors témoin de ce que l'avenir lui réserve. À la suite d'aventures souvent palpitantes, tantôt émouvantes et parfois cocasses, il finira par être devant un choix capital… Choisira-t-il de mettre cet enfant au monde ?"

Dans le futur ? Hum...

Il faut avant tout savoir que ce roman est en grande partie autobiographique, puisque le fils de l'auteur a bien eu à combattre une leucémie et a réussi à survivre grâce à une greffe de moelle.On comprend donc aisément pourquoi toute la première partie, et tous les paragraphes parlant de l'enfant sont si émouvants. Richard Plourde a vécu cet enfer de voir son fils entre la vie et la mort, attaché à des tuyaux, des machines, subissant des traitements si violents, si intrusifs qu'on ne savait jamais si le traitement ne serait pas pire que le mal lui-même... Il a vécu ces longues heures au chevet de l'enfant, la culpabilité latente d'avoir mis au monde un enfant "pas parfait", l'angoisse... et il le partage très bien : émouvant mais sans pathos, sobre dans la douleur, on souffre avec lui, son épouse et le petit Gabriel, en remerciant le ciel de ne pas connaître ce calvaire.

Mais dans l'histoire vient poindre un élément qu'on pourrait presque apparenter à de la SF : le passé et l'avenir se mélangent et Richard est tout à la fois dans deux espaces temporels, le père actuel de l'enfant Gabriel qui souffre et risque de mourir, et un jeune homme prénommé Bill, lui 20 ans auparavant... Le fameux Bill peut lui aussi passer d'une époque à l'autre et il fait la connaissance de l'enfant en découvrant qu'il est son fils, enfin, son futur fils. Les deux époques se télescopent, et Richard a même déjà vécu cela, puisque lorsqu'il était jeune, il s'est vu 20 ans plus tard, avec son fils malade (vous suivez ?) et a malgré tout choisi d'avoir cet enfant. Il en résulte pour lui une énorme culpabilité puisque jamais il n'en n'a parlé à son épouse, alors qu'il savait quelles seraient les souffrances que l'enfant aurait à endurer. Aurait-elle choisi de lui donner la vie si elle avait su ?

L'idée de téléscopage des époques et de cette incursion dans l'avenir est assez attrayante, mais j'ai eu beaucoup plus de mal avec cette partie de l'histoire. Pas assez crédible à mon goût, pas assez détaillée ou expliquée pour qu'on y croie, c'est dommage...

Un autre élément a énormément dérangé ma lecture et je me suis tout d'abord demandé si j'allais en parler ici. L'auteur est québécois et on retrouve, parsemées dans le texte, plusieurs expressions qui font sourire, très mignonnes : la douillette pour la couverture, la jasette pour la discussion...

Il y a aussi quelques tournures de phrases un peu incertaines, dont je me suis dit que c'était une façon de s'exprimer de nos amis francophones : "Dans ce calme, importuné que par le ronronnement des pompes...", "qui lui recommanda doucement, mais tenacement, de partir.", " Richard avait couché sur un lit de fortune", "Mais jamais n'avait-il adressé une prière à Dieu.", "Non seulement savait-elle son secret..."

Mais il y a aussi, et cela m'a beaucoup dérangée pendant ma lecture, des fautes de grammaire ou de conjugaison qui pour moi ne devraient pas exister dans un livre publié. Je sais que je suis particulièrement attentive aux fautes, puisque écrire et relire, reformater et mettre en bon français fait maintenant partie intégrante de mon activité professionnelle ; mon cerveau tilte allègrement à chaque erreur flagrante (un gros buzz rouge !) et cela perturbe ma lecture, qui pour moi ne devrait être que plaisir... Je fais moi aussi des fautes (nous en faisons tous) et surtout quand j'écris pour moi, sur ce blog par exemple. Difficile en effet de se concentrer en même temps sur le contenu (ce que c'est intéressant, mon billet !) et sur la forme, l'aspect affectif rentrant en ligne de compte et altérant les capacités d'observation. Mais quand le texte devient professionnel, quitte à le lire 10 fois, je ne me laisse pas déconcentrer par le fond et ne vise que la grammaire, l'orthographe, la ponctuation...

Que font les correcteurs des maisons d'éditions ? J'ai tout récemment eu une conversation avec une auteur, dont j'ai beaucoup aimé le roman, mais pour lequel j'avais fait justement des réserves quant à la correction, puisque plusieurs fautes de conjugaison émaillaient le texte (accord des verbes). Elle avait pourtant fait corriger son manuscrit par une correctrice professionnelle (avec un tarif très professionnel...) et était vraiment dépitée de voir qu'il restait malgré tout des erreurs conséquentes... Je veux bien en trouver deux ou trois dans un roman complet, mais quand ce sont des dizaines de fautes, et souvent toutes du même style, cela fait un peu trop pour moi et cela gâche en grande partie mon plaisir de lecture... Par exemple, ici, des fautes flagrantes avec bien que et malgré que, qui selon moi ne devraient pas passer la barrière de la relecture... : "Bien que la majeure partie de son visage était couverte par son masque chirurgical" :  "bien que" devrait être suivi par un subjonctif, même si on utilise parfois l'indicatif dans la langue parlée. "Bien qu'il était vraisemblablement fatigué", "Malgré qu'elle fût déserte", "Bien que Bill n'était pas amateur assidu"...


Mais que cela ne vous empêche pas de lire ce livre si vous voulez allier émotion et mystère...

 Karine a adoré, de même que Malou. D'autres l'ont-il lu ? 

Le site de l'auteur, que je remercie beaucoup de m'avoir envoyé son roman et de sa dédicace.

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Commentaires
L
@ Richard : c'est vrai qu'avec tous les anglicismes qui parsèment la langue française, nous sommes mal partis pour critiquer ;-)<br /> Comme je vous le disais par mail, mes quelques remarques sur les erreurs notées ne m'ont pas empêchées d'être très touchée par votre récit.
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R
Ça me fait sourire que l'on parle de la qualité de la langue française avec des mots comme "blog" (le correcteur me donne "blogue"), "buzz" et "tilte" , mais bon :-)<br /> <br /> Pour clarifier la discussion, notez que le manuscrit a été revu par deux correctrices professionnelles avec lesquelles j'ai adoré travailler.<br /> <br /> Enfin, je suis heureux de constater que le roman continue à toucher les coeurs, c'est ma plus grande récompense.<br /> <br /> Santé à vous!<br /> <br /> Richard<br /> <br /> P.-S. — Je ne suis, pas québécois, mais bien néobruswickois. J'habite la ville natale de Roch Voisine!
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L
@ Clara : en effet, la maladie de ce petit garçon est terrible, bien qu'il soit extrèmement courageux.<br /> <br /> @ DF : compliqué en effet ! c'est pourquoi je pense que correcteurs et auteurs doivent travailler de concert.
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D
"Par contre, pour ce qui est des erreurs grammaticales, accords de verbes ou participes passés ou des erreurs dans l'orthographe, je pense qu'il faut rester intransigeant !"<br /> <br /> Exact, surtout qu'aujourd'hui, le code grammatical/orthographique est bien défini, souvent jusque dans ses moindres détails - même si l'ouverture du Grevisse suffit à rendre fou.<br /> <br /> "Faut-il donc faire le choix de garder une tournure pas tout à fait correcte pour respecter l'écriture de l'auteur ?"<br /> <br /> A signaler à l'auteur, qui tranchera. Cela peut être tordu: dans "L'Education sentimentale", on peut lire "Une heure sonna lentement" - relevé par le relecteur comme formulation ambiguë: si le clocher sonne "1 heure" (13 heures), comment un seul coup de cloche, ponctuel (dong!), peut-il être lent, d'un strict point de vue factuel, abstraction faite de toute poésie? Pour lui, il y avait impossibilité matérielle. <br /> <br /> Flaubert a shooté cette correction; la phrase apparaît donc dans le texte que nous connaissons. Dong! :-)
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C
Pas un livre dont j'ai forcément envie en ce moment...
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