Je marchais malgré moi dans les pas du diable - Dorothée PIATEK
En cet été 1939, la guerre imminente fait irruption dans l’univers de François. Du haut de ses 15 ans, il voit Strasbourg, sa ville natale, menacée d’invasion par l’armée allemande et subit ainsi que sa famille le terrible exode vers le sud de la France. Le pied bot de son père lui fait échapper à la conscription, mais le jeune garçon, plutôt que de suivre sa famille, voudrait rejoindre son frère Jean qui s’est échappé. Il réalise au fil des jours ce qui attend ceux qui sont restés dans la ville désertée, comme son voisin et ami, le vieux juif… Il ne comprend plus son vieux copain Charles, qui se révèle germanophile et antisémite. Parce que malgré leur dialecte alsacien, ils sont français, et n’ont rien à voir avec l’Allemagne.
La famille, ainsi que des centaines d’autres, est accueillie dans le Périgord, où la vie est bien difficile mais où François rencontrera également la jolie Anne, sa première amoureuse. Mais bientôt la question se pose du retour au pays et la famille est contrainte de réintégrer la ville envahie et la boulangerie familiale, contrainte à la coopération avec l’ennemi. Les strasbourgeois doivent parler allemand, et même changer leur nom en un patronyme germanique. Jean, devenu Hans, s’enrôle dans le RAD, service national du travail et François, devient à son tour Franz. Il devra choisir son camp : s’enrôler lui aussi pour éviter à ses parents d’être déportés au camp de Schirmek, un choix bien difficile pour le jeune garçon, et qui changera sa vie à jamais.
Un roman passionnant sur une période noire de notre histoire et sur l'influence qu'ont eu les évènements sur les Alsaciens.
"Je pensais aux plus jeunes qui n'avaient pas eu la chance de fréquenter l'école plus tôt et se trouvaient plongés dans un système scolaire dénué de sens. Inexorablement leur niveau de culture et de discernement deviendrait misérable."
Livre voyageur de Emmyne,qui avait écrit un très beau billet, et que je remercie du prêt. Lu également par Sexaoul, Zazimuth, Mathilde.