Rue des voleurs - Mathias ENARD
De Tanger, Lakhdar aime regarder passer les ferries en imaginant la vie au-delà de la mer, dans la France bien aimée, qu’il connait à travers les polars qu’il dévore. Il aime aussi sa belle cousine Meryem, mais la liberté dont il rêve est bien loin dans cette société encore ancrée dans les traditions. Il va en faire l’amère expérience quand son père le surprend nu avec sa cousine, un scandale pour ces gens respectueux ! Il est battu puis jeté dehors.
Une nouvelle vie commence alors pour lui, une vie d’errance dans la rue, où il doit survivre, devenant quasiment SDF et seul Bassam, son ami d’enfance, reste à ses côtés. Lakhdar découvre des recoins de la ville qu’il ne connaissait pas, la violence, mais aussi l’entraide avec un groupe qui l’accueille sans le forcer pour autant à diffuser la pensée coranique. Il semble cependant que cette association couvre des actions terroristes derrière ses ventes de livres...
Lakhdar va tomber amoureux d’une jeune et belle espagnole et rêver de la rejoindre. Un rêve qui deviendra réalité, mais une réalité ne correspondant pas du tout à ce qu’il en attendait. Dans ce monde en vrac (l’Espagne est toujours en pleine crise et subit des manifestations, des attentats ont lieu à Marrakech…), le jeune homme tente de trouver sa place et erre beaucoup, mais gardant toujours un humour assez mordant et une belle foi en la vie. Il est cependant complètement paumé entre sa culture, sa religion et la vie rêvée en Espagne et se sent désespérément seul… Pourra-t-il concilier son passé avec ses désirs ?
Un beau roman sur la jeunesse et l’attente de l’amour, et bien sûr sur l’exil dans notre monde agité. Mais un roman très noir et que j’ai trouvé sans espoir, très désespéré.