Impurs – David VANN
Si vous aimez les ambiances légères et les romans qui vous détendent, passez votre chemin. Car David Vann a plutôt tendance à nous emmener dans des histoires étouffantes, et des huis clos enfermant la famille sur elle-même, avec tous ses problèmes. Dans Sukkwan Island, le froid et l’isolement étaient saisissants et nous avons tremblé pour Roy et son père et la folie qu’on sentait monter au fil des pages. Avec Désolations, le drame familial nouait lentement ses tentacules dans une nature superbe et indifférente. Avec ce nouveau roman (pas si nouveau que ça, mais j’ai du mal à être à la pointe de l’actualité littéraire !), l’auteur nous écrase de chaleur et la tension monte, monte, monte, comme il sait si bien le faire.
C’est l’été. Il fait chaud, très chaud. Galen, qui vit seul avec sa mère, tente de s’évader en méditant, mais est arraché de ses pensées par les visites de sa tante et de sa cousine, hautement troublantes. Il faut dire qu’elle est séduisante en diable, et que justement, c’est un diable qui le tente… Et comme le jeune homme est déjà plutôt torturé, il va… quoi ? Non, mais vous croyez que je vais tout vous raconter ?
Sachez juste que les relations entre la mère et le fils sont un peu particulières. Sous prétexte de manque de moyens financiers, il n’est pas allé étudier à l’université, mais il semblerait que c’est en fait plus parce que la maman, un rien possessive, voulait garder son poussin près d’elle. Du coup, il se morfond, dépérit, tourne un peu dingo. Les journées sont vides de toute occupation à part les visites à la grand-mère dans sa maison de retraite. Et celle de la tatie, qui déteste sa sœur, mais ne peut s’empêcher de débarquer tous les 4 matins. Et la cousine, la jolie cousine qui aime bien aguicher et titiller, exciter et punir… une sacrée sal*pe !
Je l’ai dit, on a chaud, mais chaud ! Rien de tel pour tourner les sangs, faire remonter la bile, les rancœurs, les haines. Les perversions volent autour d’eux comme des moustiques assoiffés et une fois de plus, l’auteur nous tient en haleine de bout en bout avec ces histoires de famille où la haine se tapit derrière chaque relation.
Vous croyez en la Famille, l’Amour, les liens indéfectibles ? Lisez cet auteur et oubliez toutes vos illusions ! J’ai cependant été moins, bien moins scotchée par ce roman que par Sukkwan Island et le tête à tête du père et du fils sur la petite île. Est-ce le fait que le sexe entre dans l’histoire ? Ou une lassitude par rapport à un thème qui, ayant déjà lu deux romans de l’auteur, ne m’a plus surprise ? Ou parce que j’avais plus envie de flanquer trois baffes qu’autre chose à Galen, en tout cas pas envie de le plaindre ? Ou le malaise permanent qui finit par devenir pesant, et dont on voudrait bien se débarrasser à un moment de notre lecture ? Malgré ces quelques réticences, je ne peux cependant que souligner le talent de l’auteur à planter une atmosphère, qu’elle soit glaciale ou suffocante, et à dépeindre les relations familiales et les non-dits, les failles des personnalités, les névroses… Il est un maître de la description de la perversité, de la folie et du Mal, et de la sournoiserie qui rode. Il pourrait s'associer avec Laura Kasischke !
Merci Miss Galipette pour ce cadeau !