Chagrin d'école - Daniel PENNAC
Cancre, ça mène à tout !
Daniel Pennac est un ancien cancre, et il nous livre dans cet ouvrage ses souvenirs d'école.
En nous restituant ses angoisses de mauvais élève, ses chagrins de dernier de classe, les injustices et les critiques auxquelles il était habitué (mais s'habitue-t-on jamais à l'injustice ?), mais aussi les victoires durement gagnées : apprentissages enfin mémorisés, début de compréhension, intérêt enfin éveillé, le Pennac devenu prof (cela rassure, cancre, ça mène finalement à des métiers intelligents !) nous transmet ses réflexions sur la pédagogie, l'ancienne ou la nouvelle et sur les dysfonctionnements de l'institution scolaire.
Rôle de la télévision, de la société de consommation à outrance, du laxisme des parents et de l'éclattement du noyau familial traditionnel, tout concourre à faire de l'école ce qu'elle est : un prolongement de la vie à l'extérieur des murs scolaires... La réflexion est intéressante, bien que parfois un peu stéréotypée, l'écriture fluide et le ton plein d'humour. Se lit donc "comme un roman" (cf son ouvrage précédent), mais je suis cependant restée un peu frustrée qu’encore une fois, il ne nous livre pas un de ses merveilleux "vrais" romans... (Malaussène...)
Extrait : "Donc, j'étais un mauvais élève. Chaque soir de mon enfance, je rentrais à la maison poursuivi par l'école. Mes carnets disaient la réprobation de mes maîtres. Quand je n'étais pas le dernier de ma classe, c'est que j'en étais l'avant-dernier. (Champagne!) Fermé à l'arithmétique d'abord, aux mathématiques ensuite, profondément dysorthographique, rétif à la mémorisation des dates et à la localisation des lieux géographiques, inapte à l'apprentissage des langues étrangères, réputé paresseux (leçons non apprises, travail non fait), je rapportais à la maison des résultats pitoyables que ne rachetaient ni la musique ni le sport ni d'ailleurs aucune activité parascolaire."
"J'étais un objet de stupeur, et de stupeur constante car les années passaient sans apporter la moindre amélioration à mon état d'hébétude scolaire. «Les bras m'en tombent», «Je n'en reviens pas», me sont des exclamations familières, associées à deux yeux d'adulte où je vois bien que mon incapacité à assimiler quoi que ce soit creuse un abîme d'incrédulité."