Pour découvrir ou redécouvrir Barcelone, un polar captivant qui mélange les joyaux de Gaudi avec les tréfonds de l'âme humaine.
Gaudi, fil conducteur teinté de rouge
J’ai eu la chance de passer un long week-end à Barcelone au printemps dernier et j’ai adoré découvrir les merveilles architecturales de Gaudi qui la parsèment. J’ai également beaucoup aimé retrouver dans ce roman cette ville si vivante et chaleureuse, ainsi que les sublimes créations de l’architecte catalan. Bon, bien sûr, ici la Pedrera sert à brûler vif un homme, les jardins de Gaudi cachent de macabres secrets et la Sagrada Familia elle-même menace… Mais ne croyez pas que je vais vous dévoiler un seul indice de cette intrigue, je vous laisse au contraire le plaisir de la découvrir à toute vitesse en dévorant ce polar ! Car avec le bourreau de Gaudi, il ne faut pas perdre de temps ! La visite du pape approche et il semble qu’un cinglé ait décidé de s’en prendre à plusieurs notables de la ville, ou bien serait-ce aux bâtiments de Gaudi ? En tout cas, plusieurs meurtres s’enchaînent et la police patauge.
Un policier guidé par son flair
Pourtant, Milo Malart ne ménage pas sa peine, aidé par une jeune sous-inspectrice qui lui colle aux basques. Il faut dire que cet homme, réintégré dans le corps policier par la juge en charge de l’affaire qui a toute confiance en lui, a des antécédents peu communs. Et qu’il ne fait pas l’unanimité, loin s’en faut. Milo n’est en effet pas un flic classique. Borderline, un peu barge, voire carrément schizophrène, il se laisse guider par ses intuitions, ne respecte aucun code et a une grande gueule. Bref, on ne l’aime pas et on lui fait bien comprendre, au risque d’empiéter sur la bonne marche de l’enquête. Si le personnage est plutôt sympathique malgré son langage souvent ordurier, il apparaît rapidement comme assez peu crédible… Je sais bien que les membres de la police ne sont pas des anges et qu’on ne vit pas chez les Bisounours, mais là, le trait semble un chouïa forcé. Cela dit, l’intrigue fonctionne malgré tout plutôt bien, et ce en dépit d'un style parfois un peu lourd et de quelques longueurs dans les descriptions, qui semblent parfois sorties d’un guide touristique !
Barcelone, l'envers du décor
Outre son intrigue dense et la présence de la ville, qui est le véritable personnage principal de ce roman, on y remarque un autre sujet intéressant : l’auteur y décrypte le système politique régional et les manœuvres et magouilles nécessaires à la rénovation de la cité pour offrir une parfaite vitrine lors des Jeux olympiques et encore de nos jours, pour rénover les quartiers et faire de Barcelone un pôle touristique incontournable. Certes, le trait est là aussi un peu épais et on a l’impression de plonger dans un bain de corruption ayant rongé tous les notables de la ville, qui cumulent de plus les pires perversités. Néanmoins, malgré ces bémols, j’ai beaucoup apprécié Le bourreau de Gaudi.