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Lectures et élucubrations de Liliba
12 septembre 2014

La petite communiste qui ne souriait jamais - Lola LAFON

 

La petite communiste qui ne souriait jamais-Lola Lafon-Liliba

 

0 Lectures communes

LC avec EnnaSylire SandrineSaxaoul

 

La petite Nadia, je m’en souviens comme si c’était hier. J’avais 10 ans et mes parents nous avaient appelés mon frère et moi pour que nous venions voir à la télévision ce prodige, ce petit écureuil léger et gracieux qui défiait les lois de la pesanteur et de la physique, qui semblait voler, qui arrivait à se contorsionner sans perdre sa grâce ni le sol de vue. Une merveille, une petite puce toute frêle et d’une puissance incroyable à la fois qui nous faisait monter aux yeux des larmes d’émotion.

Alors bien sûr, quand ce roman de Lola Lafon est sorti, qui plus est chez Actes Sud, j’ai souhaité le lire, pour retrouver l’émotion, et aussi découvrir un peu plus cette gymnaste dont je ne savais quasiment rien. Mal m’en a pris !

Tout d’abord, je ne comprends pas comme cet éditeur en général gage de qualité a pu laisser passer un texte aussi mal écrit ! Il m’est souvent arrivé de lire des romans pas très bien écrits, avec un style journalistique ou lapidaire, haché ou au contraire délayé, voire même sans style du tout, mais à ce point, c’est vraiment navrant ! Les phrases sont parfois si mal construites qu’il faut les relire deux fois pour en saisir le sens ! Et je ne parle même pas de la musicalité des mots… Et pourtant, j’avais été prévenue, mais cela a été pire encore que ce à quoi je m’attendais… Donc, bien sûr, ça partait mal.

Ensuite l’auteur a bâti son roman comme un dialogue entre elle-même et Nadia Comaneci, mêlant le récit de la vie de la gymnaste roumaine aux questions posées lors de leurs conversations téléphoniques, avec en plus ses réflexions personnelles. J’ai trouvé la construction compliquée et n’en ai pas vu l’intérêt. Et surtout, cela m’a dérangée sur le fait qu’on ne sait vraiment plus ce qui est vrai ou fantasmé par l’auteur. Bon, bien sûr, nous sommes prévenus à l’avance, c’est un roman et pas une biographie, mais le mélange est assez étrange, bien documenté, avec une part qui reste en interrogation. 

J’ai pourtant été très intéressée par le début du roman, le récit de ces fameux JO de 1976, l’entrainement de la jeune fille, sa vie de l’époque, les contraintes qu’elle devait subir pour arriver à devenir une sportive de ce niveau. Il est également passionnant de découvrir ce monde sportif, qui mêle le sport à la politique et aux médias, et où au final les jeunes gymnastes à qui on demande l’impossible, qui sacrifient leur vie pour leur art, ne sont que des instruments dans les mains des adultes qui les gèrent, à peine assez bonnes pour faire retrousser un sourcil de juge... C’est bien sûr à remettre dans le contexte politique de l’époque, où les pays de l’Est étaient coupés du reste du monde par la guerre froide. Et sur ce point, La petite communiste est vraiment intéressant : la politique de l'époque, sous le régime de Caucescu, avec la puissance de l'Etat et les magouilles et compromissions auxquelles il faut se soumettre, les relations avec le reste de l'Europe, la vision des Roumains sur les pays capitalistes, et la vision que nous avions d'eux, bref, on plonge à fond dans l'ambiance de l'époque et j'ai beaucoup aimé cela, tout comme les passages sur la découverte du monde occidental par la jeune fille, et la période où Nadia émigre aux États-Unis et doit assimiler des contrastes si forts qu’ils en deviennent risibles. 

La petite Nadia est terriblement attachante et touchante, petit prodige manipulé et façonné par ceux qui s’en occupent pour en faire une bête de scène, une étoile de ce monde sportif. Sauf que Nadia est une étoile, mais une étoile filante… car les années passent et la nature la rattrape. De petite souris légère et asexuée, elle devient jeune fille gironde puis bientôt femme, très femme. Et ça dérange, ça choque, ça n’émeut plus… On prend soudain conscience que l’enfance n’est pas éternelle et qu’elle deviendra une femme (presque) comme les autres. De là, c’est le déclin, lent et inexorable, la chute, la honte, et bientôt l’oubli…

Une fin bien triste et surtout un véritable retournement des masses (public comme juges, comme aussi ceux qui se sont occupés de la fillette). Nadia n’intéresse plus, ne fait plus vibrer ni pleurer, elle n’est plus un ange, et son rare sourire n’est plus attendu par personne. De là, l’auteur semble régler des comptes, on dirait qu’elle fait tout pour enfoncer la jeune femme, qu’elle la charge à mort pour un procès, à coup de petites phrases ou d’allusions, ce qui est bien pire à mon avis que d’évoquer de face la réalité des faits. J’ai lu dans un article qu’il y avait une pudeur extrême à ce portrait et ne suis pas d’accord. Je me suis sentie voyeuse, mesquine, presque sale à voir étaler les affaires de cœur ou de cul de Nadia, dont on semblerait que rien ne suffise à la faire tomber de son piédestal.

Bref, cette lecture passionnante au départ m’a terriblement déçue sur la fin. Par contre, un bon point pour ce roman, il m’a donné envie de lire une vraie biographie sur Nadia Comaneci, tout n’est donc pas perdu !

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 Nadia au sol, et une vidéo qui reprend plusieurs prestations

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