Tout commence en 2006 à La Nouvelle-Orléans lorsque la fille du gouverneur de Louisiane est enlevée et que son garde du corps est sauvagement assassiné. Le kidnappeur se livre aux autorités, demandant un entretien avec Ray Hartmann, un des hommes luttant contre le crime organisé, plus connu sous le nom de Mafia. Il propose un marché : dévoiler où est cachée la jeune Catherine Ducane en échange d’une confession, celle de l’histoire de sa vie que les agents du FBI devront écouter patiemment.
Les deux hommes s’enferment et le temps défile avec une abominable lenteur tout le long du récit de la vie de Ernesto Perez, puisque la vie de la jeune fille ne tient qu’au flux de ses paroles. Et il en a des choses à dire ! Perez est en effet un ancien tueur de la Mafia et va livrer, nom par nom les membres des clans rivaux, racontant sans relâche sa vie et celles de « la famille » des années précédentes. Un récit absolument passionnant, ultra documenté, qui retrace le chemin du crime organisé aux États-Unis, mais aussi et surtout en Sicile, là où tout a commencé. À la violence se mêlent l’amour, les haines, les intrigues, les ententes et les trahisons. On comprend que les hommes ne sont pas tous bons ou mauvais, mais toujours un peu des deux, et que le tueur au sang le plus froid, le plus violent et le plus sanguinaire peut aussi être un mari passionné, un père aimant, un homme touchant débordant de tendresse et de joie dès lors qu’il est dans sa sphère privée. Mais que ce mari fidèle, ce père attentif pourra, si on lui en donne l’ordre, assassiner de sang-froid des enfants qu’il aura portés sur ses genoux ou une femme qu’il a aimée. Que la vie ne pèse pas grand-chose face aux décisions des parrains. On comprend donc que dans ce milieu, on n’a pas toujours le choix, qu’une action en entraine une autre, que chaque mot, chaque geste, chaque acte a des conséquences, parfois des années plus tard. On réalise que la fidélité est une valeur d’une force incroyable. Mais qu’elle peut aussi être bafouée en une seconde, reniée, oubliée. Que la vengeance est décidément bien un plat qui se mange froid… Bref, le lecteur plonge dans cet univers assez méconnu et a du mal à s’en sortir tant ce roman est prenant. En plus de l’intrigue et des aventures familiales, l’auteur décrit avec talent La Nouvelle-Orléans, son atmosphère, ses quartiers, ses coutumes, ainsi que Cuba, dont est originaire Perez. À le lire, on se sent nous aussi moites et sales, assommés par la chaleur pesante, et un peu angoissés par la violence qui rode, prête à surgir n’importe où, malgré la musique et la joie de surface. Ellory brosse de plus des portraits d’une criante vérité, s’attachant sur chacun, et décrivant aussi bien l’aspect humain des hommes et des femmes qui traversent cette histoire que leur instinct de fauve et de tueur.
Bref, ce long roman est un bonheur de lecture que je vous conseille !
Les joies de la famille, hein ? 
