Le journal intime d'un arbre - Didier van CAUWELAERT
« On m'appelle Tristan, j'ai trois cents ans et j'ai connu toute la gamme des émotions humaines. Je suis tombé au lever du jour. Une nouvelle vie commence pour moi – mais sous quelle forme ? Ma conscience et ma mémoire habiteront-elles chacune de mes bûches, ou la statuette qu'une jeune fille a sculptée dans mon bois ? Ballotté entre les secrets de mon passé et les rebondissements du présent, lié malgré moi au devenir des deux amants dont je fus la passion commune, j'essaie de comprendre pourquoi je survis. Ai-je une utilité, une mission, un moyen d'agir sur le destin de ceux qui m'ont aimé ? »
Oui, vous avez bien lu, le narrateur de ce roman est un arbre ! Un arbre qui porte un prénom, un vieux poirier tricentenaire à terre après un méchant coup de vent. Avant de rendre son dernier souffle d’arbre, Tristan va narrer sa longue vie, et bien sûr celle de tous ceux qui ont vécu autour de lui. Tant qu’il reste encore un peu de sève dans ses branches, il continue à « vivre », à sentir le monde qui l’entoure, et regrette déjà sa mort programmée, alors qu’il devait être très bientôt classé parmi les arbres remarquables.
Alors bien sûr, si vous pensez que la nature n’a pas de vie propre, si vous n’êtes pas persuadé que les plantes, les arbres, les fleurs vivent autour de vous, ne vous donnez pas la peine de vous plonger dans ce roman. Mais si vous sentez parfois une connivence avec les végétaux, une communion, un élan du cœur pour eux, plongez-vous vite dans ce magnifique récit empreint d’humanité et de poésie.
Avant d’être débité en buches qui nourriront l’âtre de la vieille maison, Tristan est sculpté par la jeune Manon, qui lui donnera en quelque sorte une nouvelle vie sous forme d’œuvre d’art. Sans être un réquisitoire contre les hommes qui abiment la nature et salopent leur environnement, le roman explique, expose, raconte aussi la manière dont les hommes vivent avec le monde végétal qui les entoure. Une histoire originale et poignante qui m’a beaucoup touchée.