Orages ordinaires - William BOYD
Parfois il suffit d’un rien pour que la vie bascule. Pour que les certitudes, le confort, les projets d’avenir, tout ce qu’on a construit s’effondre. Cela peut être dû à un divorce, une maladie grave, une soudaine perte d’emploi... un tout petit quelque chose qui grippe les rouages, bloque les rails du succès ou tout simplement de la tranquillité d'une vie simple. Pour Adam Kindred, climatologue réputé travaillant dans un laboratoire aux États-Unis, c’est à cause d’un dossier. Un dossier qu’il veut rendre à son propriétaire, un certain professeur Wang, avec lequel il a échangé quelques mots au restaurant. Mais quand il arrive à son domicile, son propriétaire git dans une mare de sang, poignardé. Les empreintes d'Adam sont partout, l’accusent, et il vient en plus de croiser le tueur… Persuadé qu’on va lui imputer le crime, il disparait.
Ah ne croyez pas qu’il se terre simplement dans un hôtel, non, il disparait vraiment, efface ses traces d’homme civilisé : plus de carte bleue, plus de sécurité sociale, plus de téléphone, tous les instruments de notre vie moderne qui nous relient à notre identité, il s'en débarrasse. Il se fait clochard, arpentant les trottoirs de Londres et trouvant tant bien que mal refuge sur les bords de la Tamise. Il se fond dans un no-mans-land d’êtres presque plus humains puisque plus reconnus, marginalisés, rayés de toutes les listes. Mais il continue malgré le désespoir, malgré la peur, la faim, le froid et la crasse à mener son enquête. Car le jeune homme est bien conscient que le seul moyen de s’en sortir avec toutes ces preuves qui l’accablent et la police du monde entier qui le cherche est de trouver le vrai coupable. Le dossier du docteur Wang qu’il a toujours entre les mains va le mener sur les traces de firmes pharmaceutiques responsables de la commercialisation d'un traitement contre l’asthme.
J’ai beaucoup aimé ce roman ! En plus d’être vraiment très prenant, avec un vrai suspense et une intrigue policière bien ficelée, il aborde de nombreux points de société qui m’ont passionnée : la place que nous avons dans la société, bien sûr, une place qui semble bien fragile parfois. Mais aussi les relations entre les gens et le regard que nous portons sur ceux qui sont différents : les clochards, les marginaux, ceux qui sont en delà (ou en deçà ?) du système. Il faut également souligner la très vive critique implicite des systèmes médicaux et des industries pharmaceutiques qui sous couvert de sauver le monde ou une partie de la population de maladies graves, n’a qu’un but, gagner de l’argent (je vous entends dire Oh là ! Oui, bien sûr que je sais que toutes ne sont pas concernées !!!). Bref, on ne s’ennuie pas une seconde dans ce roman, qui a en plus le mérite de nous faire découvrir un Londres totalement méconnu, vu par en dessous.