La fille seule dans le vestiaire des garçons – Hubert BEN KEMOUN

16 avril 2014

La fille seule dans le vestiaire des garçons – Hubert BEN KEMOUN

La vie au collège n’est pas toujours facile, surtout qu’Enzo, un caïd stupide, élève de 3^ème comme Marion, s’est mis en tête de la séduire… Mais la jeune fille résiste tant elle le trouve stupide et arrive même à l’humilier devant toute la classe, et surtout devant sa bande de copains. Une erreur qu’elle aurait dû ne pas commettre… Lors de l’altercation avec Enzo, le carnet noir secret de Marion sur lequel elle note toutes ses pensées et les paroles des chansons qu’elle compose à la guitare disparait et elle est persuadée qu’il a été volé par le garçon. Quand il lui donne rendez-vous quelques jours plus tard pour le lui rendre, et ce plutôt gentiment, elle ne soupçonne donc pas le piège… Car Enzo va en effet vouloir se venger de son humiliation publique et la vengeance sera assez terrible pour Marion…

Elle cherche de l’aide auprès de sa maman, mais celle-ci n’est pas du tout réceptive aux appels à l’aide de sa fille ni sensible aux signaux de détresse que l’ado dégage, engluée qu’elle est dans leur quotidien et ses rencontres via internet avec des amoureux ou amants potentiels, qu’elle ne garde pas pour des raisons à chaque fois différentes. Il faut dire qu’il n’est pas facile pour elle de se retrouver seule avec ses deux enfants après la fuite de son mari, parti trois ans plus tôt refaire sa vie en Amérique du Sud, où l’attendait une autre femme… Marion trouve cependant un peu d’aide, ou tout du moins de compassion auprès de son petit frère de 8 ans, Barnabé, un enfant précoce qui capte pas mal de choses et n’a ni les yeux ni les oreilles dans sa poche. Il est d’ailleurs aussi touchant que drôle, même si je n’ai pu m’empêcher de ressentir la solitude de ces deux enfants dont la maman s’occupe à vrai dire bien peu.

Marion voudra ensuite se venger à son tour, et nous voilà partis dans un engrenage de violence qui monte en puissance. Elle se rend bien compte que la situation risque d’encore empirer, mais veut absolument pousser sa vengeance au bout. Un moyen pour elle de se consoler de ce qui lui est arrivé, puisqu’elle ne trouve aucun réconfort à la maison et erre dans une totale solitude affective.

Le sujet de ce roman est vraiment intéressant et parfaitement adapté aux ados : droit à l’image sur internet, respect de la personne, de la parole, amours naissances… les jeunes se retrouveront sans aucun doute dans ce récit en fait assez noir, juste éclairé par l’humour de Barnabé et ses tics plutôt rigolos, mais qui permettra d’aborder ensuite en famille des discussions sur le conflit, le respect, la communication, le harcèlement… ce que j’ai fait bien évidemment avec ma fille. J’ai juste regretté la fin un peu trop attendue…

Charlotte a adoré « parce qu’il y a une sorte de morale : si on fait quelque chose, il faut en subir les conséquences, on se rend compte qu’il faut réfléchir avant de parler ou d’agir. Si déjà au départ, Marion avait accepté de l’embrasser, la situation n’aurait pas empiré. La situation est devenue pire ensuite. [Mais quand je lui demande si elle serait prête à embrasser un garçon qu’elle n’aime pas juste pour qu’il arrête de l’embêter, elle réagit et dit que non, en aucun cas ! Elle réfléchit encore et ajoute comme pour elle-même « en fait, elle n’avait pas trop le choix, la pauvre… parce qu’elle n’avait personne à qui en parler pour l’aider »]

Le petit frère est carrément drôle, j’étais morte de rire, il m’a un peu fait penser à mes frères, mais en plus drôle que les miens ! Un petit frère qui pleure avec toi pour ne pas te laisser seule, ça fait envie.

Enzo est carrément immature. Une vengeance dans ce genre, c’est stupide. Si ça m’arrivait, j‘aurais envie de me cacher au fin fond de la terre et je t’en parlerais peut-être, car tu es beaucoup plus à l’écoute que la maman de Marion. La maman est un peu irresponsable et immature pour une adulte ! C’est aussi super triste que son papa soit parti et même si elle n’a pas le choix, c’est dur, elle ne peut pas changer les choses.

La vengeance était très bien réfléchie, mais un peu trop osée : jamais je n’oserais faire ça !!! Par contre, c’est bien mérité ! Mais en fait, on se venge d’une vengeance, donc il y a une escalade à partir d’un rien et ça finit limite en guerre : il ne faut donc pas commencer.

La fin est très belle parce tout est terminé, elle n’aura plus à avoir peur et en plus à la fin, elle tombe amoureuse… »