Livre mystère d'une blogueuse mystère (ou d'un blogueur ?) - Les amandes amères - Laurence COSSE
Edit de dernière minute !
Livre dévoilé !
Vous l'avez sans doute vu chez notre ami Jérôme, la mode est au livre mystère depuis qu'il a reçu un livre non identifié qu'il a dû lire sans chercher à en connaître l'auteur ou le titre, ni l'envoyeur ! Il s'est proposé d'en faire un jeu et je suis ravie d'avoir été la cible d'un ou d'une mystérieuse inconnue qui a eu la gentillesse de m'envoyer un roman ! J'ai quant à moi identifié quelques cibles, commandé plusieurs bouquins à ma libraire... bref, je vais m'y mettre aussi, car je trouve cette idée vraiment amusante !
En effet, on n'aborde pas du tout la lecture de la même façon quand on ne sait pas à quoi s’attendre : pas d’apriori sur l’auteur, de commentaires à faire par rapport à un roman précédent et les seuls commentaires qu’on peut se permettre sont sur le style, la ressemblance éventuelle avec tel ou telle auteur ou d’autres histoires… Bref, le regard est neuf, et j’ai adoré ça !
Le livre, donc. Un poche, pas trop gros. Bien recouvert, car si je n’ai pas essayé de tricher, ma fille, elle, a tenté de le faire, mais n’y est pas arrivée ! C’est l’histoire de la relation entre Édith et Fadila. Édith est traductrice et interprète et travaille la plupart du temps à domicile (on dirait moi). Fadila est marocaine et propose ses services pour du repassage. Par l’entremise d’Aïcha, la gardienne de l’immeuble, fille de Fadila, la vieille femme va entrer dans la vie de Édith et Gilles son mari pour repasser le linge familial. Les relations sont cordiales, mais un peu froides, Fadila étant très discrète, parlant très peu, et surtout ne parlant en fait qu’à peine le français. Édith va rapidement se rendre compte qu’en plus, Fadila est analphabète : elle ne sait ni lire ni écrire, ce qui la handicape grandement dans la vie de tous les jours. Imaginez ! Ne pas pouvoir lire les panneaux dans le métro, les lettres qu’on reçoit, ni comprendre les prix quand on fait ses courses… C’est être totalement dépendant des autres, facilement « arnaquable », cela doit être absolument terrible.
Édith prend un peu pitié de cette femme et se propose de l’aider à apprendre. Va en découler une relation très particulière entre les deux femmes. Édith se renseigne sur les méthodes, globale ou syllabique, se souvient de l’apprentissage de son fils quand il était en grande section, cherche des infos sur internet, consulte des associations d’aide. Elle prend cela particulièrement à cœur, même si cette tâche qu’elle s’est assignée est un peu décourageante. En effet, Fadila veut apprendre, mais elle a ses jours. Ceux où elle est fatiguée parce qu’elle a pleuré toute la nuit, ceux où elle est énervée par ses enfants qui ne prennent pas soin d’elle, ou ceux où tout simplement elle n’a pas envie de s’y mettre. Il faut dire que la vie de cette femme n’a pas été de tout repos. Mariée à peine pubère à un « vieux », elle s’est plusieurs fois enfuie et est finalement retournée chez ses parents, avant que son père ne la vende à un nouveau mari, qui l’a prise pour seconde femme, la première ne pouvant pas avoir d’enfants. Elle y fut maltraitée par la femme officielle, jalouse, et fut sauvée in extremis par sa mère, après avoir été empoisonnée. Elle eut ensuite un troisième mari, mais qui ne la rendit pas plus heureuse. Avec ça, plusieurs enfants de ces hommes, qu’elle n’a quasiment pas pu élever. Elle est depuis quelques années en France, vit de ménage et repassage, pas toujours déclarée, végète dans une microscopique chambre de bonne et déprime sec de l’attitude de ses enfants qui l’abandonnent un peu (beaucoup), même si elle est hyper courageuse et pas du genre à se plaindre. À peine livre-t-elle tous ces détails de sa vie du bout des lèvres à Édith, et ce sur plusieurs mois d’affilée. Il faut que la confiance s'installe, et Fadila est vraiment toujours sur la réserve.
Bref, pas facile, comme contexte. De plus, l’apprentissage n’avance pas. Elle arrive à peine à reconnaitre son prénom et son nom, progresse un peu puis régresse de manière hallucinante, sans qu’Édith comprenne pourquoi. Bien sur, il faudrait qu’elle s’exerce plus, mais peut-être cela vient-il des méthodes ? Ou bien tout simplement de son cerveau qui ne sait plus apprendre, comme sa main ne sait même pas tracer les lettres, moins bien qu’un enfant de 3 ans...
Ce récit est très intéressant en ce qui concerne l’apprentissage et l’évolution (ou non-évolution, selon comment on voit la chose) de Fadila, et également pour tout ce qui touche à sa vie au pays, ses coutumes, sa manière de penser selon les traditions ancestrales, la place de la femme, celle des enfants, les relations avec la mère. Je suis cependant déçue d’avouer que j’ai bien aimé ce roman, mais sans plus… C’est en effet selon moi plus un récit ou même presque un documentaire qu’un roman et je ne suis pas vraiment rentrée dedans, plutôt restée sur l’extérieur. Je m’explique. Je me suis sentie un peu voyeuse de ce duo, et sans émotion. Je n’ai pas été touchée par Fadila que j’ai même parfois trouvée un peu énervante, voire carrément ingrate, et même Édith et sa gentillesse, sa patience d’ange m’ont un peu énervée. Pourquoi passer tant de temps avec Fadila ? On ne comprend pas bien quelles sont ses motivations profondes pour aider cette femme, même s’il est évident qu’y entrent empathie et gentillesse.
De plus, je n’ai pas du tout accroché au style, très oral, pas littéraire et si j’ai trouvé amusantes les phrases de la vieille Marocaine écrites avec son accent et son français bricolé au départ, cela m’a vite lassée. Je suis donc très désolée d’avouer que cette lecture n’a pas été le coup de cœur escompté…
Je subodore une auteur française, pas Annie Ernaux, mais le style un peu sec et sans âme (à mon gout) m’a fait penser à elle (pas taper, les fans !!!)
Mais cependant j’ai adoré cette découverte et je pense que j’ai été bien plus ouverte à la lecture que si j’avais su qu’elle en est l’auteur. Une expérience que je serais ravie de renouveler !
Hop hop, j’attends maintenant la publication de ce billet pour déchirer la couverture et découvrir la clé de l’énigme !
Quant à l’envoyeur, je pense à la lecture du marque-page accompagnant le roman que c’est une envoyeuse… au vu de l’écriture ronde qui me semble très féminine. À part ça, je n’ai vraiment aucune idée de qui ça peut être ! J’ai même joué le jeu au point que j’ai tout de suite mis l’enveloppe à la poubelle pour ne pas être tentée de regarder le cachet de la poste ! Je m’épate moi-même, parfois… En tout cas, merci beaucoup Mrs l'inconnue (ou monsieur !).
Edit du lendemain !
Couverture arraché, titre découvert ! J'avais raison pour la française, mais je n'avais pas deviné l'auteur, que pourtant en effet j'ai déjà lue et aimée...
Mais je ne sais toujours pas qui m'a fait ce cadeau !!!!!