Crimes et jeans slim - Luc BLANVILLAIN
Une lecture commune avec ma fille Charlotte, Canel et sa fille, Maël et sa petite sardine et Jérôme sans sa fille qui a préféré rester avec Harry (Potter).
Un petit délice de lecture mêlant suspense, humour et une intéressante vision des ados. La jeune Adélaïde, pour être acceptée au collège et ne pas faire partie des ringards, s’invente un look et un style. Elle se « pouffialise », s’habillant grâce à sa grand-mère et en cachette de ses parents avec les fringues à la mode, petit haut moulant et peu couvrant, jean ultra moulant laissant apparaitre le string, chaussures de la marque adéquate… elle se maquille aussi outrageusement, se fait les ongles, bref, se transforme en pouffe totale, vulgaire et désagréable alors que c’est en famille une jeune fille calme et cultivée, douce et plutôt intello… Elle fait même exprès de ne pas avoir de trop bonnes notes ! Elle joue si bien son rôle qu’elle devient la chef de file du groupe des filles branchées, celles qui se moquent des autres, embêtent le monde, sont méchantes et pourrissent la vie de classe. Parfois, un léger remord la taraude cependant, mais elle ne voudrait pour rien au monde être classée dans le groupe des nazes…
Sauf qu’une de ses amies est assassinée et qu’on retrouve dans la ville des tracts indiquant que d’autres mourront, toutes celles qui par leur attitude aguicheuse et scandaleuse salissent la ville et la pureté des jeunes filles… Adé commence à flipper car à ce compte, elle sera surement elle aussi dans le collimateur du tueur…
C’est Thibault, un bon élève discret (ringard avec des pulls tricoté mains !) qui va lui proposer son aide et puis se mettre carrément à enquêter, soupçonnant tour à tour plusieurs personnes de leur entourage commun. Malgré leurs différences, les deux jeunes gens vont se rapprocher pour ensuite dénouer les fils de l’histoire, aidés malgré lui par le petit frère d’Adélaïde.
J’ai beaucoup aimé ce petit roman bourré d’humour qui m’a souvent fait éclater de rire. Les ados sont extrêmement bien décrits et j’ai retrouvé plusieurs comportements que j'observe sur les miens, même s’ils sont ici un peu poussés à l’extrême. J’ai adoré également la relation entre le frère et la sœur, leur complicité et leurs retrouvailles du vendredi soir pour se bagarrer, ainsi que leurs petits codes secrets face à leurs parents. J’ai trouvé cependant les parents particulièrement absents de cette histoire, sauf la grand-mère dont on parle un peu, mais c’est comme si le père et la mère étaient absents…
L'avis de Charlotte (12 ans 1/2) (interviewée par mes soins, car elle ne veut pas écrire de billets, la pauvre chérie a déjà "tellement de choses à écrire au collège")
Franchement, je n'aimerais pas être une pouffe de peur de mourir moi aussi. Pauvre Mélanie, pauvre Pauline... je préfère rester comme je suis et ne pas faire comme Adélaïde !
Je pense que pour être acceptée par ses amis, il faut rester soi-même et s'ils ne t'acceptent pas comme tu es, ce ne sont pas de vrais amis. Une fois, ça m'est arrivé, on faisait un « action chiche ou vérité », et je suis tombée sur chiche et je devais aller demander à une fille qui est trop mode qu'elle me donne des conseils parce que mes copines m'avaient dit que je n'étais pas vraiment stylée… et la fille a répondu « d'abord ton blouson, il faut que ça soit un vrai, tes bottes sont trop vieilles, tu devrais te maquiller... » etc. et j'ai pensé que si cette fille avait cette opinion de moi, elle ne m'aimait pas franchement et ça ne servait à rien que j'aille la voir à la récré ou qu'on mange ensemble chaque jour… On m'a dit aussi que mon sarouel ressemblait à un pyjama [un sarouel qu’elle adore, mais qui lui donne un look baba cool], mais je vais le mettre quand même, c'est mon look, mon style, ce n'est pas aux autres de choisir ce que moi j'ai envie de mettre ! Je n'ai pas besoin de leur avis. [Ma fille a-t-elle autant de personnalité ? j'en suis restée baba ! Et fièèèèère !].
Au début de la lecture, je me suis sentie complètement dans mon univers, au collège, on dit pouffe ou pouffiasse aussi, et il y a les mêmes catégories pour les garçons : les beaux gosses (3 dans tout le collège, on n'a pas de bol...), les passables, les bofbof, les moches, les attardés mentaux, les bouses de vache... J'ai trouvé ça super drôle, avec la façon dont Thibaut et Adé opèrent pour essayer de trouver des indices chez les suspects. Par contre, j’ai trouvé ça dangereux. Au début, je croyais que c’était le balayeur le coupable, mais je ne m’attendais pas du tout au coupable de la fin, j’ai eu des soupçons sur plusieurs personnes à la suite au fur et à mesure de l’histoire.
Si ça arrivait dans l’école, j’essayerai de faire une enquête mais en prenant moins de risques. Adélaïde avait tellement peur d’être la prochaine qu’elle a quand même bien fait de tenter.
J’ai trouvé super que tous les vendredis Adélaïde et son petit frère prennent un temps pour mettre les choses au point et se bagarrer et de se dire la semaine « toi tu verras vendredi ! ». J’aimerais bien faire ça avec mes frères, ça éviterait les disputes tous les soirs, les menaces… On pourrait essayer à la maison, je vais leur en parler !
La grand-mère a été vraiment sympa avec Adé, mais une telle maladie c’est un vrai handicap et on a tout le temps besoin d’une surveillance.
J’ai bien aimé aussi la façon dont les lettres anonymes sont écrites à l'ancienne, avec les références et le style.
C’était une bonne lecture, facile à lire et j’en garderai un bon souvenir. Un bouquin parfait pour une adolescente de mon âge : suspense, vie d’ados, amis…
Un grand merci à Val qui a servit d'intérmédiaire et nous a proposé ce roman, ainsi qu'à l'auteur et au Livre de Poche jeunesse !
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