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Lectures et élucubrations de Liliba
9 juin 2011

Chocolat amer - Laura ESQUIVEL

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Ce roman est un régal !

Il nous narre l'histoire de la vie de Tita, dernière née de la famille de la Garza, dans le Mexique du début du siècle, plongé en pleine révolution. Déjà, dans le ventre de sa mère, le bébé semblait différent de ses deux soeurs aînées :

On raconte que Tita était tellement sensible que, dans le ventre de mon arrière-grand-mère, elle pleurait quand celle-ci hachait des oignons. Elle pleurait si fort que Nacha, la cuisinière à moitié sourde de la maison, n'avait pas à tendre l'oreille pour l'entendre. Un jour, à force de hoqueter, elle déclencha l'accouchement. Mon arrière-grand-mère n'eut pas le temps de dire ouf ! Tita arrivait dans ce bas monde avant l'heure, sur la table de la cuisine, dans les odeurs d'une soupe au vermicelle, du thym, du laurier, de la coriandre, de lait bouilli, de l'ail et de l'oignon. Vous devinez que la traditionnelle tape sur les fesses fut inutile. Tita était née en pleurant. Peut-être se doutait-elle que son sort était fixé, que, dans cette vie, le mariage lui serait refusé. Voilà comment Nacha racontait l'irruption de Tita sur terre : elle fut projetée dans un torrent de larmes formidable qui inonda le sol de la cuisine. L'après-midi, la frayeur était passée et l'eau évaporée par les rayons du soleil. Nacha ramassa le résidu des larmes sur le carrelage rouge. Avec ce sel, elle remplit un sac de cinq kilos qu'on utilisa longtemps pour cuisiner.

Alors que son père vient de décéder peu de temps après sa naissance, et que sa mère rejette le bébé, Tita est élevée par Nacha, la cuisinière, et passera toutes ses jeunes années dans les odeurs des plats cuisinés, apprenant de la vieille femme les secrets des saveurs et de la cuisson de tous les plats traditionnels de son pays.

Mais Tita, étant la dernière des filles, ne peut pas se marier car elle doit rester au ranch pour subvenir aux soins de sa mère, la terrible Mamá Elena. Sauf qu'un jour, lors d'un dîner, son regard croise celui de Pedro, et qu'ils tombent éperdument amoureux l'un de l'autre. Rien ne pouvant faire plier cette mère froide et méchante de sa volonté, Pedro accepte d'épouser la soeur aînée de Tita, Rosaura, se disant qu'ainsi il restera auprès de sa bien-aimée. Mais la mère veille au grain et le seul moyen que trouve Tita pour communiquer avec l'homme qu'elle aime est de cuisiner, de lui transmettre à travers les aliments coupés et cuits avec amour tout ce qu'elle ressent pour lui.

Elle se souvenait parfaitement des sons et des odeurs, du frôlement de sa robe neuve sur le sol fraîchement ciré, du regard de Pédro sur ses épaules... Ce regard ! Elle s'avançait vers la table, un plateau de crèmes caramel dans les mains quand elle le sentit, ardent, lui brûler la peau. Elle tourna la tête et ses yeux croisèrent ceux de Pedro. Elle comprit ce que ressentait un beignet au contact de l'huile bouillante.

La construction originale du roman est totalement dépaysante et tout à fait charmante. De fait, chaque chapitre énonce une recette dans ses moindres détails, en liant l'accomplissement du plat aux pensées et à la vie de Tita. Ainsi, nous apprenons à faire des tortas à l'oignon et au chorizo, à préparer viandes et soupes, de même que les desserts dont la tradition s'est perdue au fil des temps. Nous découvrons aussi, dans ce texte extrêmement poétique, et drôle tout à la fois, que les plats peuvent transformer les hommes qui les hument ou s'en délectent : l'oignon fait pleurer des rivières qui inondent la maison, la rose émancipe hommes et femmes qui ne veulent plus que s'aimer au plus vite... et certains plats ont parfois également des effets dévastateurs...

Tout au long des douze recettes, au fil de longues années et après moultes aventures, l'amour de Tita et Pedro perdurera, jusqu'à exploser pour cause de trop grande passion amoureuse.

Un roman comme un conte de fées, mais dans lequel les fées seraient cachées au fond des marmites... A déguster pour l'originalité, l'écriture fine, les descriptions des personnages dont les caractères sont souvent caricaturaux, mais justes, les recettes qui font saliver, et cette petite part de folie, d'improbable, qui nimbe chaque page. Un roman qui vous permet de vous évader et de rêver, et qui fait saliver : délicieux !

 

Lecture commune avec Sandrine et Angelica

 toutes les deux bien moins enthousiastes que moi.

Lectures_communes

 

Chocolat amer a été repris en film par Alfonso Auro, le mari de l'écrivain en 1992, sous le nom de Les épices de la passion.

Lu par Clarabel, Bladelor, Chiffonnette, Esmeraldae, Kathel, Sophie, Clara,  Armande, Leiloona, Pom... et certainement d'autres que j'ai oubliés ou que je n'ai pas trouvés...

Roman offert par Sandrine, dans le cadre du Swap à 2 PAL organisé par LiliGalipette.

Challenge_Petit_BacCatégorie Végétal

challenge_amoureux 

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Commentaires
P
Arf, je suis encore novice sur la blogosphère, j'ai oublié de donner le lien en effet... <br /> <br /> C'est vraiment gentil de ta part de l'avoir remarqué :)<br /> <br /> <br /> <br /> http://pharefelue.canalblog.com/
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P
Coucou Liliba,<br /> <br /> <br /> <br /> J'avais découvert ce roman et cette auteure grâce à toi et je voulais t'en remercier: c'est une lecture savoureuse qui m'a énormément plu.<br /> <br /> <br /> <br /> J'ai lu Vif comme le désir, de la même auteure, récemment. J'en parle sur mon blog nouvellement crée. A bientôt :)
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L
@ Leiloona : sensuel, c'est tout à fait le mot juste !
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L
J'ai un tendre souvenir sensuel pour ce livre ! ;)
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L
@ Manu, ce n'est pas parce que le chocolat belge est le meilleur du monde qu'il faut bouder ce roman ;-)<br /> <br /> @ Lael, j'ai en effet beaucoup aimé ce lien entre les deux. Et c'est vrai que quand je cuisine (quand j'ai le temps et pas pour la cuisine quotidienne !), je pense, réfléchis, laisse mon esprit vagadonder...
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