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Lectures et élucubrations de Liliba
21 juin 2008

La princesse et le pêcheur - Minh Tran HUY

 

princesse

 

 

 

 

La narratrice est une jeune française, née de parents vietnamiens, élevée dans le culte du travail et protégée du monde extérieur et de l'histoire douloureuse de son pays d'origine par ses parents. Lorsqu'elle rencontre Nam lors d'un voyage scolaire, elle croit reconnaître en lui le prince charmant d'un conte qu'elle écoutait enfant. Les deux adolescents sympathisent et deviennent bientôt très proche, mais la jeune fille se désespère du fait que Nam la traite comme une petite soeur plutôt que comme une petite amie. Ils se confient, échangent leurs secrets, mais Nam ne parle qu'à mots couverts de son arrivée récente en France et de sa famille restée au pays. Elle entrevoit, sans comprendre vraiment, ce qu'a dû être la vie au Vietnam et les malheurs de ceux qui ont subi les violences du pouvoir, mais c'est plus tard, lors d'un voyage avec ses parents, qu'elle arrive à cerner enfin l'âme de ce pays, et à retrouver son identité profonde, ses racines.

La Princesse et le pêcheur est un roman très poétique, délicat, et j'ai aimé le fait que l'histoire soit entrecoupée par les extraits de contes vietnamiens, qui soulignent plus encore l'ambivalence de ce pays, tout à la fois magique, doux, et dans lequel tant d'horreurs et de violences se sont déroulés. Le style est précis et léger et permet aux souvenirs, aux parfums, aux odeurs, aux voix de devenir presque réels, tant on se les imagine avec facilité. 

 

 

 

Extraits : "Mais il n'en avait pas moins touché juste : nous nous ressemblions et ce n'était pas qu'une histoire de cheveux noirs et d'yeux bridés, d'origines communes renforcées par une certaine similitude de traits. Nam croyait que le lien était là, mais sur ce point, il se trompait. En vérité, ce qui nous rapprochait jusqu'à faire de nous des frère et soeur ne tenait ni à notre physique, ni à nos racines, mais au silence dont nous ne nous sommes jamais départis - ce même silence auquel ma grand-mère est retournée après m'avoir conté l'histoire de son alliance. Nous passions tout notre temps à discuter l'un avec l'autre, mais ce qui s'est noué entre lui et moi vient moins de ce que nous nous sommes confié que de ce que nous avons tu, tous nos secrets par omission, toutes ces souffrances dont nous n'avons pas fait mention, soit parce qu'elles n'étaient pas les nôtres, soit parce qu'elles ne l'étaient que trop."

"J'ai mis du temps à comprendre ce que signifiait cette histoire, a repris ma grand-mère de sa voix douce. Je pensais que la pierre mystérieuse cristallisait tout l'amour que le pauvre pêcheur portait à la princesse et qu'il n'avait jamais pu exprimer ; et qu'en se souvenant de lui, en faisant montre de compassion à son égard, elle lui avait rendu la paix. Mais en réalité, la chanson ne dit pas cela : "l'autre vie" dont elle parle n'est pas la mort, mais bien, précisément, une autre vie. Ce que dit la chanson, c'est que l'amour véritable est prédestiné. S'il n'a pu se réaliser dans cette existence, il a droit à une deuxième chance dans la suivante ; et le cycle se perpétuera, de réincarnation en réincarnation, jusqu'à l'union des amants."

 

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Commentaires
C
J'ai lu et aimé aussi !
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L
@ Pouks, merci de l'info, je note !
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P
@angelica : les contes vietnamiens lus au "Marathon des mots" étaient extraits d'un recueil, "Le Lac né en une nuit et autres légendes du Vietnam" (Actes Sud/Babel), justement écrit par Minh Tran Huy, l'auteur de "La princesse et le pêcheur". Les deux livres se complètent, un peu comme des pendants.
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B
Super, je viens de constater qu'ils l'ont à la bibliothèque !
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L
@ tous et toutes, lisez-le c'est vraiment joli, mais je ne peux pas vous le prêter, il est dans ma tournante.
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