Pas ce soir, je dîne avec mon père - Marion RUGGIERI
Mon papa à moi, c'est le plus beau des papas
4ème de couv : "Mon père appartient à cette génération qui, sous prétexte qu'elle est née après guerre et en plein progrès, a décidé que son combat d'une vie serait de ne pas mourir. De ne pas mourir, donc de ne pas vieillir. D'arrêter le temps. Au début, je croyais qu'il était le seul atteint. Et puis j'ai vu d'autres spécimens, je les ai parfois côtoyés : les faux jeunes. Au début je croyais que le syndrome ne touchait que les hommes de son âge, les éternels " baby-boomers ", puis je me suis aperçue que la génération suivante était pire. Déjà faux jeune à quarante ans. Voilà le problème. Les gens ne veulent plus mourir. Alors ils volent la vie de leurs enfants. Ce sont des ogres "
L’ogre est ici un père si juvénile et séduisant qu’il courtise de préférence des filles plus jeunes que la sienne. Il lui présente des nymphettes renouvelables à talons compensés, quand Marion alias « big » (son surnom !) pratique volontiers l’amant quinquagénaire cabossé par la vie. Au-delà du sujet de société - les pères et leurs filles, l’homme occidental en proie à l’obsession du jeunisme – Marion Ruggieri, tout en se moquant d’elle-même en adolescente à perpétuité, a réussi un roman qui tient du prodige : faire rire de nos travers virils et faire pleurer d’une si attachante liaison avec son géniteur. Comment grandir quand son père reste à jamais l’impossible M. Bébé ? A la fois pudique et réaliste, tendre et cruel, autobiographique mais universel, ce premier roman sur la confusion des âges devrait connaître un grand succès auprès de tous les publics. Car hélas ! nous sommes tous concernés par cette phrase : « Le problème avec les parents d’aujourd’hui, c’est qu’ils ne meurent jamais. Ou qu’on les aime trop. »
Marion Ruggieri, 33 ans, est chef des pages culture à Elle et chroniqueuse sur Paris Première, France Inter et France Info. Elle est l'auteur chez Grasset du Journal de Yalda, écrit avec Yalda Rahimi.
Je n'ai pas vraiment accroché avec ce petit livre, dans lequel pourtant j'ai trouvé au début quelques phrases qui m'ont fait croire que j'aimerais le ton un peu acide et au second degré de la relation vraiment particulière entre ce père et sa fille. Peut-être mon éducation a-t-elle été trop traditionnelle, ou mes relations avec mon bien-aimé papa trop conventionnelles ? Toujours est-il que j'ai rapidement trouvé ce père trop malsain envers sa fille, et les personnages peu attachants, leur coté un peu névrosé et pervers ressortant malheureusement plus que leur originalité et leur personnalité pourtant bien assise.
L'héroïne est mal dans sa peau du fait de sa relation particulière avec son père, mais comme elle n'est pas vraiment sympathique, on ne la plaint pas trop, et j'avais plutôt tendance au fil de ma lecture à m'énerver contre elle, qui ne fait en fait rien pour faire évoluer une situation pesante, mais reproduit au contraire des clichés, et ce, sans panache.
Un peu déçue donc, je ne me suis pas du tout retrouvée (je ne le souhaite à personne, d'ailleurs, tant je trouve cette relation de "copains", ainsi que le fait de dévoiler sa vie privée à ses enfants, malsaine) dans la jeune femme, et n'ai pas retrouvé mon papa dans ce père un peu dévoyé à mon goût...
Une certitude : je vais être très attentive à ne pas faire peser sur mes enfants le poids de ma vie à moi !